Soixante-dix pour cent des personnes sondées ne savent pas encore pour quel parti voter au cas où se dérouleraient des élections législatives anticipées. Dans l’armoire aux mauvais souvenirs des Tunisiens, le mécontentement, mais aussi la déception et la désillusion occupent à coup sûr une place de choix dans les intentions de vote. Voter, pour quel but et dans quelle perspective ? L’échec est sans appel.
Il est là et il a quelque chose de vertigineux. Mais la question mérite quand même d’être posée : au-delà des promesses non tenues, pourquoi autant de désenchantement et de désespérance à l’égard de la classe politique ? Il suffit d’évoquer le gâchis et les déroutes des dix dernières années pour raviver un mal-être, voire un traumatisme, chez les plus fervents optimistes. La classe politique a laissé passer une chance, de toute évidence unique, pour se réconcilier avec le peuple. Comme si la perspective d’entrer dans l’histoire était pleinement compromise et mal taillée.
Aujourd’hui, il va falloir digérer, mais les chances d’un nouveau repositionnement ne sont pas tout à fait acquises. Ça sera encore plus dur qu’on ne peut l’imaginer. Essentiellement dans l’optique de reconquérir une confiance déjà perdue.
Il prévaut aujourd’hui une atmosphère de fin de règne. Beaucoup de partis et d’acteurs politiques ont montré leurs limites. Sans parler « d’enterrement », pour certains, c’est la fin. L’essoufflement n’est au fait que la conséquence logique de tout ce qui a été raté. Tout ce qui a été perdu.
Face aux dérives de certains « pensionnaires », dont la plupart manquent d’expérience, le paysage politique est en train de changer. Il se retrouve dans un tournant. De nouveaux acteurs, de nouveaux objectifs plus attractifs ? C’est une réflexion à mener.
Mais il n’y a pas que cela. Les nouveaux « pensionnaires » se doivent aujourd’hui de renverser cette trajectoire déclinante. Même si cela devrait leur peser, ils peuvent toujours avancer à condition qu’ils se donnent suffisamment de responsabilités et qu’ils attaquent les dossiers jamais abordés jusque-là.
Tout cela pour dire que la réhabilitation tant attendue n’émerge pas d’une sorte de miracle. Le modèle de performance socioéconomique est tributaire d’une belle leçon de réalisme et d’efficacité. Cette dimension n’a jamais été la priorité des gouvernements qui se sont succédé tout au long de ces dernières années. La culture de la performance doit aujourd’hui être présente, assurée et rassurante.